Le portage salarial est adapté au marché de l’emploi explique Géraldine Guérillot, docteur en sciences de gestion et chercheur Umalis lab.


Le portage salarial est-il une forme d’employabilité plus ou moins sûre qu’un emploi dans un grand groupe. La question se pose à l’heure ou des sociologues comme Jean-Pierre Gaudard (1) écrivent des livres sur « la fin du salariat ». Nous n’y croyons pas. Cependant il est indéniable que le statut de salarié auparavant considéré comme objectif unique par certains dès l’entrée sur le marché du travail n’est plus aussi vrai qu’il y a quelques années ;

– à l’heure où les plans de départ volontaires et les plans de licenciements se multiplient dans un marché qui n’offre actuellement que peu de perspectives de retour à l’emploi traditionnel, autrement dit, qui impose à chacun de rebondir, de réinventer son emploi, ou plutôt d’inventer son activité ;

– à l’heure où le taux de chômage bat record sur record ;

oui, les mentalités changent, s’adaptent c’est en partie, signe d’intelligence. 
Une véritable apologie de l’esprit d’entreprendre inonde l’espace public et l’idée qu’aujourd’hui, il faut se débrouiller, être autonome et aller de l’avant face à un marché de l’emploi qui connaît de nombreux blocages sont quasi des mots d’ordres.
L’emploi à vie c’est fini ! Chacun sait aujourd’hui qu’il ne travaillera pas toute sa vie dans une même entreprise. Mes professeurs, les parents, les collègues et même les patrons le disent, les ministres aussi. Et puis nous le constatons bien dans notre entourage.

Qui, aujourd’hui, ne connaît pas quelqu’un qui a été licencié, qui, ne connaît pas une personne de son entourage au chômage, qui, peut se vanter être dans une position stable et certaine…

Ce n’est pas seulement l’emploi à vie qui disparaît. Le pacte social entre patrons et salariés, qui reposait sur l’échange « protection contre subordination » a vécu.
C’est tout notre rapport au travail qui se trouve bouleversé, réparé, aménagé, en tout cas transformé.

Le salariat aujourd’hui n’est qu’une forme parmi d’autres de marchander son activité, c’est une forme parmi d’autre d’employabilité ; c’est parfois même devenu un simple moyen d’accès à des droits sociaux.
Entreprenariat, salariat et entre deux : le portage salarial. Alors que les statuts se multiplient, les entrepreneurs aussi, il reste pourtant encore au moins une forme d’employabilité qui reste encore discrète dans l’espace public et qui mériterait plus de notoriété : il s’agit du portage salarial.

Pour ceux qui ne le savent pas, le portage salarial est une organisation de travail tripartite par laquelle, un consultant-expert confie à une structure de portage la gestion administrative de ses missions qu’il effectue auprès de son client. 
Ainsi le consultant en convention de portage démarre son activité professionnelle en toute autonomie, sans avoir à se soucier de contraintes de gestion. Une société de portage facture la prestation du consultant porté au client et verse au porté le montant des honoraires dont il est déduit des frais de gestion. Le portage salarial offre la sécurité d’un salarié et la flexibilité d’un consultant en mission.

Nous nous posons donc aujourd’hui la question : Aujourd’hui, l’avenir est-t-il plus sure pour des consultants « portés » ayant autour de 3 à 4 clients, ou pour des salariés classiques dans un grand groupe ?

La grande différence par rapport au salariat classique est que le travailleur est autonome, il n’a aucun lien de subordination, il est libre du choix de ses missions, de son temps de travail, propriétaire de son portefeuille client. Il permet aux esprits entrepreneurs de tester le marché avant de se lancer.

Le portage salarial, une des solutions adaptée au marché de l’emploi actuel et à venir Rappelez-vous ces études qui montraient, il y a de ça dix ans environ, que 80% des jeunes bacheliers aspiraient à devenir fonctionnaire. Aujourd’hui ce n’est plus vrai. La plupart des français déclarent en grande majorité vouloir un jour créer leur propre entreprise.
« L’autonomie » fait encore un peu peur à certains. Mais ce ne sera pas le cas de nos « jeunes » qui dès le collège, apprennent à se vendre, à se présenter, à faire leurs cv, leurs profils LinkedIn et Viadeo…
Les nouvelles générations sont bien préparées…

(1) Jean Pierre Gaudard, La fin du salariat, François Bourin Editeur, Paris, 2012. Jean-Pierre Gaudard est un spécialiste des questions économiques et industrielles et ancien rédacteur en chef à l’Usine Nouvelle

Article écrit par Yann Le Galès sur le blog lefigaro.fr