Julien Billion, directeur d’Umalis Lab, interviewe Robert Fullilove, professeur à l’école de santé publique de l’université Columbia (New York), sur l’évolution des universités américaines.


Julien Billion. Quelle est la situation économique de l’université Columbia ?
Robert Fullilove. La période est très difficile pour tout le monde. Malgré tout Columbia se porte relativement bien. Les étudiants sont toujours aussi nombreux car il est difficile de trouver un emploi. Etre diplômé permet plus facilement de se faire recruter. Les étudiants nous sollicitent donc toujours autant. Les étudiants sont de plus en plus obligés d’être éduqués, formés pour être compétitifs.

Comment cette situation économique difficile affecte-t-elle les professeurs et les étudiants ?
Les étudiants recherchent toujours les enseignements qui permettront de s’adapter à un monde en transformation.Les solutions trouvées par les étudiants sont diverses : faire l’apprentissage de langues étrangères comme le chinois par exemple, maîtriser des logiciels qui vont ouvrir l’accès au marché de l’emploi en informatique, ou acquérir un savoir-faire très prisé par le monde des affaires.

Les professeurs s’assurent que les étudiants sont contents et vont continuer à suivre nos enseignements. Nous devons rester au devant de toutes les technologies pour proposer des cours intéressants et actualisés. Nous sommes également de plus en plus sollicités pour être tenus informés de toutes les études et de toutes les avancées qui peuvent influencer nos propres travaux de recherche.


Comment l’université Columbia peut-elle améliorer sa situation, accroître son capital financier ?
Nous sommes en pleine expansion ! Nous achetons les terrains nécessaires pour favoriser la construction de laboratoires, de salles de classes, de dortoirs, etc. Nos priorités sont de s’engager dans le domaine de la recherche par le biais d’un centre à un niveau mondial, de poursuivre nos recherches en santé publique dans le cadre de l’école de médecine afin que tout le monde puisse bénéficier de nos découvertes…

Columbia s’ouvre-telle de plus en plus aux étudiants étrangers ? Aux étudiants français ?
Oui, bien sur. Nous sommes de plus en plus un campus avec des étudiants en provenance d’un peu partout dans le monde (environ 30%). A Reid Hall à Paris, par exemple, nous sommes toujours prêts à fournir l’accueil à des étudiants en France dont le nombre, par ailleurs, s’accroît.


Vos nombreux voyages en France vous ont apporté une grande connaissance du système universitaire français. Quelles sont les forces et les faiblesses des grandes universités américaines et des grandes écoles françaises ?
En principe, notre système est accessible à tout le monde. Il existe quelque part aux Etats-Unis une institution capable de faire de son mieux pour assurer l’éducation de n’importe quel étudiant. Il paraît que 50% des adultes aux Etats-Unis ont bénéficié d’au moins un an d’éducation dans une université, un collège (dans le sens
américain), ou dans ce qu’on appelle un community collège ici. Notre système est plus diversifié que jamais, et la race, la religion, l’ethnicité ne sont pas une barrière contre la poursuite de nos rêves.
Le financement, oui, c’est un problème. Mais généralement, on peut recourir à des prêts avec le soutien du gouvernement fédéral pour le financement de tous les frais.


En France, le niveau de participation des étudiants en classe n’est pas du tout pareil qu’aux Etats-Unis. Il est également plus difficile de trouver une place dans les plus grandes institutions comme Science Po ou l’ENA par exemple que de trouver une place dans une institution américaine du même niveau.

Source : http://blog.lefigaro.fr/legales/2014/03/les-universites-americaines-sont-accessibles-a-tous.html